Corps*

Le premier, l’irréductible médium (Régis Debray).

Les technologies de l’Information s’efforcent vers la fluidité, l’allégement, les « immatériaux » (le papier mieux que la tablette d’argile, l’électron des cartes à puces mieux que le papier…). Mais son propre corps, on y revient toujours. C’est lui qui borde nos jouissances, comme il prescrit leur rythme et leur ergonomie à nos chaînes techniques. Au théâtre (C.M. 1) comme à bicyclette (C.M. 5) le corps est au centre de la machine, et ce moteur est à la fête. Dans l’énonciation, c’est lui qui pilote et cadre la plupart des messages à coups d’indices, d’effets de présence et d’aura. Pour réchauffer une représentation en général, il est recommandé d’y injecter un peu de corps (la « ligne chair »). Extravasé et prolongé de mille façons dans les prothèses techniques et médiatiques, le corps reste l’alpha et l’oméga de la plupart des circuits. N’est-il pas au centre du monde propre de chacun ? On le fuit, on le complique, on le sophistique, on l’oublie ­ et c’est encore autour de lui que ça tourne. Avec le développement des technologies de l’information on saura de moins en moins ce que peut, ce que veut, où commence et où finit un corps. (Daniel Bougnoux).

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