On peut faire au moins trois choses, principalement, avec un billet de cent euros : 1) le dépenser (le prodigue) ; le conserver (l’avare) ; 2) le bruler (voir argent). Mais quand le débiteur lui tend un billet, le médiologue entreprend de le lire. Il arrive toutefois qu’un médiologue distrait dépense, plus rarement qu’il brule. Mais ce qu’il déteste, de manière obsessionnelle, c’est « casser » le billet.
« Inutile de se donner le change : un biffeton monnayé est perdu corps et biens. Ça va filer tout seul, à des riens, et l’issue ne se fera pas attendre : de mon billet de 50 euros que j’avais empoché d’un air faraud en sortant de la maison et qui avait fait de moi, sous les dehors hypocrites du placide, un Crésus riant sous cape, ne me reste, une heure après, que dalle. Qui débite déboise. (…) Hier encore, j’ai dû négocier une baguette de campagne, valant 1,17 euros, à 1,16. J’avais juste la monnaie, par miracle. Sinon, il me fallait casser derechef un billet de 20 euros. Affligeant. » (Régis Debray).